Confrontation

[ Topic with Emily Rose ]

Petite virée à Plymouth, ce week-end c’est visite dans la famille. Y a des jumeaux qui viennent de naitre. Des futurs lycans. Ils sont trop choux, ils font déjà tourner en bourrique leur mère. Plus tard quand ils seront grands, c’est promis je les rendrai encore plus sauvages que moi. Enfin si mon père ne me tombe pas dessus avant …
Bref, j’ai une folle envie d’aller à Plymouth. Je m’éclipse doucement. Je réussis sans problème à passer la porte d’entrée de la villa, puis la voix grave de mon frère résonne et me fait me dresser.

- Al ?
- Ou … oui …
- Tu vas où là ?
- Pfeu … à Plymouth !

Je me retourne, il était une épaule appuyée contre le mur, les bras croisés, le regard dur. J’aime pas quand il fait ça. J’ai l’impression d’être scrutée jusqu’à mon petit cœur.

- Quoi ?
- J’aurais peut-être voulu y aller avec toi tu ne crois pas ?

Pfiou, soulagement. J’ai cru un instant qu’il allait me sermonner, et tout balancer aux parents. Non en fait monsieur voulait juste venir avec moi. Hum … Oui mais non. Ce n’était pas le bon plan. Sa présence ne me gênait jamais, mais là, je ne voulais avoir personne sur le dos. Je comptais me faire quelques humains au passage, et cela m’obligeait de me transformer en ville, une chose dangereuse que mon père m’avait interdite tant que je n'étais pas vraiment au bout de mon apprentissage. Mon père aime les traditions, et même si nous sommes tyrans, il aime a respecter certaines règles de conduite, pour ne pas passer pour des sauvages. Mais j’aime à braver les interdits. Je dois donc trouver une feinte. Le truc c’est que je n’ai jamais su mentir à Dust’. Merde. Bon, trouve un truc Al’, t’es pas une sotte, tu peux trouver. Je me morts ma lèvre inférieur, en espérant qu’il ne remarque pas. Mais bordel Al’ t’es pas foutue de mentir à ton frangin ou quoi ? J’inspire. Un peu trop parce que je sens mes poumons à bout. Et je souffle comme une bourrine. Le truc qui ne servait à rien en fait … Youpi …
Bon à trois je me lance. Un … Deux … Trois … Trois … Trois …

- T’aurais pas aimé, j’vais m’acheter des sous-vêtements.
- Et alors ? J’suis déjà venue une fois non ?
- Euh … oui mais là je veux pas que tu vois.
- Al …
- Raaaah tu m’agaces ! J’ai faim, voilà c’est tout.
- Ben voilà, tu vois t’as faillit t’étouffer en gardant ça pour toi.
- Gnagnagna … t’es pas fâché ?
- J’suis pas papa.
- Ah oui c’est vrai …

J’oublie tout le temps que c’est jamais lui qui me fait des remontrances. Et j’en reste pourtant toujours aussi surprise. Donc, il ne m’en veut pas, et je n’ai pas menti. Pas jusqu’au bout en tous cas. On reste là à s’observer. Dans le fond on voit toute la famille qui discute en nous faisant passer à la trappe. Ça m’arrange dans le fond. Enfin surtout que mon père soit dos à nous. Je sais pourtant que mon géniteur à une fine oreille et un odorat qui dépasse certainement chaque membre de notre clan, mais je tente le tout pour le tout. Mon regard brun se redresse vers mon frère.

- Tu me laisses sortir sans histoires ?
- A une condition.
- Si c’est pour te laver les pieds t’as qu’à aller demander aux vampires.
- C’était pas ça.
- Quoi alors ?
- De faire attention.
- Promis.

Un sourire se dessine sur son visage, et moi je l’imite bêtement, sauf que je tire la langue par la même occasion et lui fait un clin d’œil avant de m’éclipser dehors. Je me dirige rapidement vers ma moto, une Harley Davidson. Mon cadeau d’anniversaire pour ma maturité. Je chevauche donc ma Dyna FXDBI. Ma moto je la bichonne tous les jours alors elle brille. Je n’ai pas de casque. A quoi bon ? Je suis incassable. Ma moto ronronne quand je mets le contact. Je sens sa puissance monter, et je pars en accélérant. Je fais de la poussière. Là mon père a du m’entendre mais il ne fera plus rien. Il doit être en train de se dire que c’est tant pis pour ma tronche.
Donc, direction Plymouth. J’ai affreusement faim. Sur la route je dépasse tout le monde. Ils ne roulent pas assez vite pour moi.

Au bout de quelques minutes, me voilà à Plymouth. Je m’arrête sur un parking, proche d’une grande place. Il fait chaud et beau. Mes cheveux viennent se coller devant mes yeux. J’aurais du les attacher. Je les ramène en arrière d’un geste de la main. Je suis vêtue d’un large jean noir et d’un tee-shirt assez proche de mon corps de couleur vive. J’ai quelques babioles aux bras et aux doigts. Pour mieux attraper mes proies. J’ai déjà tous mes sens en éveil. Je ne vais que rarement me nourrir directement en ville. Mais j’adore la sensation que sa procure. Toutes ses odeurs. Je ne sais plus où donner de la tête. J’hume l’air quelques instants. Puis un gamin me bouscule. Je le regarde. Il m’arrive à peine en haut de ma cuisse. Il m’observe, il a une tête de vermine. Il m’aborde sur un ton arrogant.

- Hey mais c’est pas une moto de gonzesse ça. T’as vu comment qu’elle est foutu ? Elle va s’envoler à peine les 50Km/h dépassés.

Je le regarde de haut. J’ai beau avoir un regard noir il n’a pas l’air effrayé. Je m’accroupie, lui prend le poigné et le serre très fort.

- La gonzesse comme tu dis, elle a très faim, alors si tu veux pas que je te bouffe tes oreilles et tes doigts ainsi que tout le reste de ton corps, tu évites de me manquer de respect. Okay ?
- Oui m’dame.
- Allez dégage maintenant.

Le gosse prend peur et déguerpit. Dommage, il avait l’air appétissant. Son copain aussi a prit peur. Tant pis. Je prends mes lunettes de soleil noir puis fait quelques pas. J’entre dans une boutique qui vend des disques. Ça fait longtemps que je n’ai pas acheté de musique justement. Je vais m’en acheter un juste avant d’aller manger. Je file au rayon de rock. J’aime beaucoup les vieux groupes de rock.
Lorsque je suis devant le rayon je regarde rapidement chaque album, puis je me retourne, mais bouscule quelqu’un. Une jeune femme brune. Je reste figée en la regardant quelques secondes. Son odeur … elle a quelque chose en plus de tous ces humains …

- Excusez-moi…

Je ne bouge pas plus et continue de la regarder.

Le week end. Le voilà enfin qui arrive. Avec ses heures tranquilles, sans travail, sans école et sans supérieur pour vous emmerder. C’est le moment préféré de la semaine pour la plupart des gens. Les jours de sorties, restau, ballades ou shopping. Dès la fin du vendredi, ce sont des sourires qui illuminent les petits visages naïfs des citoyens. Ceux-ci ne savent même pas quelle menace les guètes au dehors. Des vampires et des lycans affamés qui pourraient tuer n’importe quelle personne innocente se promenant malencontreusement seule. Voilà pourquoi, il y a des gens comme moi. Ceux qui ne prennent jamais de vacances ou de week end. Ceux qui n’ont jamais de sourire le vendredi soir. Ceux qui ne vont pas au restau, ne font pas de ballade et n’ont pas de temps pour le shopping. Nous avons seulement le temps de défendre les citoyens sans aucun remerciement. Nous ne leur en voulons pas. Ils ne sont même pas au courant. Ce n’est pas pour autant que ce n’est pas difficile à gérer. Les Hunters sont la pour protéger et n’attendent rien en retour.

Aujourd’hui, c’est une assez belle journée. Et c’est le week end. Contrairement aux autres personnes de cette ville, le week end est le moment où j’ai le plus de boulot. Ainsi que tous les autres chasseurs de la ville je suppose. Tous ces petits casses croûtes sur pattes se baladant en ville avec un monstre qui les attend à un coin de rue. Le plus difficile est d’échouer dans une mission et de faire passer le meurtre pour crime ordinaire. Ce n’est pas aisé de dire à des parents que leur fils est mort poignardé alors qu’il ne reste plus que quelques lambeaux de chair ! Croyez moi. Avec l’hybride se promenant – d’après nos sources – en ville, il y a au moins un mort par jour. Aujourd’hui, les habitants sont persuadés que le « Tueur à tout vas » fait des siennes. Oui en gros, c’est le nom qu’il donne à l’hybride sans réellement savoir qu’il s’agit d’un sale monstre tueur de gosses, de femmes, d’hommes, de grand-mères, de grands-pères et même de vampires ou de lycans. Ne croyez pas que je n’ai pas pensé à l’engager ! Il m’aurait bien été utile une fois dressé. Seulement, je préfère voir sa sale tête percée entre les deux yeux. Si bien que c’est celui que je traque en priorité. Evidemment, si je croise une autre bestiole au passage, je lui règle son compte à lui aussi.

Trêve de bavardage. Ce week end, j’ai décidé de sortir. Si, je vous jure. Je vais aller m’acheter quelques fringues histoire de refaire un peu ma garde robe. Et surtout, je vais m’acheter une nouvelle arme. Je dirai bien sûr que je pratique la chasse, parce qu’un engin comme un AK47, ce n’est pas de genre à se laisser ranger dans la poche de son jean ou de sa veste ! Je dois aussi passer nettoyer ma caisse. Ma dernière poursuite l’a salement amochée et salie. Je ne supporte pas de la voir comme cela. La pauvre. C’est tout juste si on vois encore la couleur rouge sang de la carrosserie vers les ailes.

- Qu’est-ce que tu fais Emily ?
- Ca se voit pas ? Je sors.
- Où ça ?
- Ca ne te regarde pas John !
- Hm... D’accord. Sauf qu’aujourd’hui, c’est le jour de « pointe » des monstres je te rappelle ?
- Merci, je sais.
- Mais alors, pourquoi t’a juste pris un flingue à balles normales ?
- Je t’en pose des questions ! Merde. Je vais simplement me promener. Lâche moi cinq minutes, j’ai besoin de repos un peu !
- Certainement pas aujourd...

Ce coup là, il l’avait bien mérité. Peu importe que son nez saigne, il n’a pas à me harceler comme ça. Je savais bien que je ne devais reprendre de coéquipier. Ils ne font que m’emmerder. Je travaille quand cela me chante et personne n’a à me dire ce que je dois faire. Encore moins quelqu’un dont je suis censée être la supérieure. Aujourd’hui, j’ai décidé que j’allais me mettre Hors Service. Je vais simplement faire un tour. Pas très long. Simplement pour me dégourdir les jambes et les pneus de l’Aston. Mais c’est vrai que je ne devrais pas prendre le gun. J’ai la gâchette facile d’après ce qu’on me dit. Et je pense que c’est un compliment vu le métier que je fais ! De toute façon, je ne veux pas risquer de me faire bouffer par une bestiole une fois en ville, sans protection.

Je sors de mon appart en enfilant ma veste en cuir noir. Ouais, c’est la seule encore correcte que j’ai. Enfin, qui a survécut à toutes les épreuves que je leurs ai fait subir. Je sors ma clef. D’une légère pression sur le dessus, j’ouvre mon garage. Mon bébé m’attend. Elle a été patiente. Je ne pourrais pas supporter de rester sans prendre de douche plus de deux jours. Aujourd'hui, lavage ma cocotte ! On va te refaire briller c’te carrosserie vermeille. Je touche doucement l’air droite de ma caisse, elle est bien éraflée de ce côté-là. Saloperie de vampire. C’est lui qui a fait ça. Heureusement, lui et sa belle Ferrari sont partis en miettes. Vouais, explosés dans des barils de je ne sais quoi dans la zone Indus’.

Je passe la un, la deux, la trois, puis la quatre. Je n’aime pas rouler lentement. Surtout avec ces débiles qui traînent en ville. Je crois que je hais les humains presque autant que les bestioles qui les bouffent. J’ai bien dis « presque ». Autrement, je les aurais déjà exterminés ! Ah, j’arrive enfin au lavage auto. Garage en même temps. Ils vont sûrement pouvoir m’arranger mon aile droite. Je sors de l’Aston et entre dans le garage. Apparemment, cela va prendre pas mal de temps. Et il est absolument hors de question que je m’éloigne de ma bagnole. Donc, je vais aller me promener dans le coin. Je suis en centre ville, autant en profiter. Après avoir laissé – difficilement – les clefs de ma voiture aux réparateurs, je m’allume une clope, tout en marchant dans la rue. Les gens me regardent comme si j’étais une bête de foire. A part mon intelligence supérieure, je ne vois pas en quoi nous sommes tellement différents.

- Tu veux ma photo tête de con ?!

Trop fort. Il a peur de moi. Ca j’aime. J’aime leur être supérieure. C’est bizarre, cette façon de parler des humains comme si je n’étais pas des leurs. J’ai sincèrement l’impression de ne pas l’être. Je ne me sens pas comme eux. Je me sens différente. Ce n’est peut-être qu’une impression mais jamais je ne m’abaisserai au rang de « simple humaine ». Il y a un magasin de disque à ma droite. Ca peut-être pas mal ça. Cela fait un bon moment que l’Aston n’a pas vibrée. Je me dois de lui trouver un truc qui arrache. Genre du métal ou du Hard Rock. J’entre dans la boutique sans éteindre ma clope. Lorsqu’il croise mon regard, le gérant ravale sa réplique. Je m’avance direct vers le fond. C’est là bas qu’ils mettent tous les vieux groupes. Ce que je préfère. Les groupes de maintenant sont trop superficiels.

Je m’arrête devant le bac à Cds. Il y pas mal de gens. Normal, c’est le week end, et en plus, il fait beau ! Le genre de truc qui n’arrive qu’une ou deux fois pas ans en Angleterre. Remarque, il fait pas hyper chaud non plus. Ici, c’est l’automne depuis longtemps. Mi-août au moins. Ouais, nous les Anglais, on est en avance sur les saisons. Mais en retard aussi. C'est-à-dire que si l’hiver commence en Octobre, il se termine en Mai. Un disque me saute aux yeux. La pochette est bien dark. On dirait qu’il y a du sang dessus. Sympa. Je regard le dos afin de lire le titres des chansons. Que des trucs sur la mort. Mouaif, bof. ‘Faut arrêter un peu. Je me retourne pour reposer le Cd quand une jeune femme me rentre dedans. Elle me fixe avec un de cet air ! Qu’est-ce qui lui prend ? Elle s’excuse.

- C’est rien.

Elle a l’air d’avoir la vingtaine. Voire moins. Je ne l’ai jamais vue auparavant. C’est bizarre. Je connais pratiquement toutes les têtes ici pour en avoir sauvée la plupart. Je me détourne, après tout, ce n’est qu’un fait ordinaire. Elle me rentre dedans, s’excuse, je lui dis que ce n’est rien, et on reprend nos occupations. Je sens tout de même quelque chose de chelou. Une fois le disque de retour dans son bac, je me retourne. Elle est encore là. Elle me regarde encore plus bizarrement qu’avant. Je me racle la gorge.

- Oui ? Qu’est-ce qui se passe ? Vous avez un problème ?

Spoiler:

Après quelques minutes à l’observer comme une bête de foire j’eus enfin le déclique. Mais bien sûr, ça ne pouvait qu’être ça. Sur ses doigts, sur sa veste, dans ses cheveux … l’odeur du sang des lycans et des vampires obnubile mon nez. L’odeur des vampires me répugne, même en la petite quantité sur elle. C’était automatique, l’odeur de ces buveurs de sang me répugnait. Je n’ai vraiment rien à leur envier en plus. Eux sont morts, condamnés à vivre pour l’éternité, à se nourrir uniquement de sang, leur corps ne change jamais, leur peau est dure et froide, leurs yeux cernés de mauve, … Vraiment rien… Sauf peut-être leur beauté irrésistible. Oui là c’est sûr, c’était peut-être le seul truc que je leur envié. D’être irrésistible. Mais ça c’est mon côté femme. Une fois j’ai tué une vampire. Elle était très belle. De taille moyenne, une longue chevelure rousse, … tout en elle était attrayant… Tout sauf sa condition de vie. Elle, je l’ais déchiqueté en petits morceaux. Après j’ai du mettre trois jours à me débarrasser de son odeur. Dustin n’arrêtait pas de me charrier dessus. L’enfoiré. Remarque, je me suis vengée en lui piquant son repas. Il avait en tête une belle petite humaine. J’ai été plus rapide que lui, je l’ai bouffé en trois ou quatre coups de dents. Elle m’était restée sur l’estomac cette fille. J’en ai encore des crampes en y repensant. Bref, elle, cette femme face à moi, elle sent à plein nez le chasseur de lycans et de vampires. Je devine facilement qu’elle n’a qu’une arme sur elle, son flingue sent le vécu, les créatures tuées. Je sourire malicieusement face à elle. Elle me dévisage. Comme si ça allait me toucher. Tous les humains me dévisagent. Même les buveurs de sang. Je relève le menton, évitant de lui rire au nez, non là ça serait de la provocation et de la pure méchanceté. Mais en même temps, c’était ce que je voulais non ? Non, pas tout de suite. Je tiens à m’acheter mon CD avant. Je suis tombée sur un vieil album des Rolling Stones. Donc je l’achète, et après j’me fais du Hunter. Houuu ! J’suis excitée à l’idée même du coup.

- Hum non … pas pour le moment.

La fin, je me la suis murmurée. Je replonge mes longs doigts fins vers le bac, et attrapa avec mon pouce et mon index le CD des Rolling Stones. Perfect. Je me recule, et bouscula encore quelqu’un. Mais bordel c’est pas possible ça, les humains sont vraiment trop cons pour jamais faire attention. Je me retourne brutalement, et commence à gueuler sur le beau jeune homme que j’avais percuté. La vingtaine, long cheveux bruns, petit bouc. Hum … so sexy … Parfait pour l’apéro.

- Merde ! Fais gaffe quoi !
- Désolé mademoiselle, si je peux me racheter …

En effet il en aurait besoin, il venait d’écraser le CD que je voulais acheter. Et ironie du sort, c’était le dernier album en vente ici. Raaah nan mais je vous jure. Je soupire. Trop fort car les cheveux du gosse qui passa à côté remuèrent. Je porte ma main droite dans mes cheveux pour les remettre en arrière. Bon, lui il avait signé son arrêt de mort. Je lui souris, et je plonge mon regard noisette dans ses yeux bleu. Hum … vraiment mignon.

- Vous m’offrirez bien un café non ?
- Si ça peux racheter ma conduite.
- Ça fera l’affaire.

Ces humains, ils culpabilisent vraiment trop. Ça ne les réussira jamais. Bref, nous sortons, laissant le Cd au sol, explosé en mille morceaux. Le gérant s’attaquera à moi dès qu’il en aura l’occasion. Il fera mon dessert. Je me réserve la chasseuse pour le plat principal. Je passe la porte avant le jeune homme. Son nom ? Aucune importance, il finira dans mon ventre. Je m’en lèche les babines, l’envie folle de me transformer en louve m’envahit. Ça n’aurait tenue qu’à moi je me serais déjà transformée, mais je n’ai pas envie que mon plat de résistance s’enfuit. L’homme à l’air sûr de lui, il s’imagine certainement que je finirai dans son lit… L’idée ne me déplait pas, mais la faim surpasse le sexe.

- Je connais un petit Pub non loin de là.
- Hum …

Là j’en peux plus. Je vois une ruelle sombre à droite. Parfait. Je colle mes deux mains sur son torse musclé. Je le regarde, le laissant croire que je souhaite m’envoyer en l’air avec lui, ici. Nous nous enfonçons dans la ruelle sombre. Là je le colle contre un mur et commence à me déshabiller. Je sens son cœur qui accélère, ses sens masculins commencent à agir pleinement. Quelle horreur. Il tente une approche vers moi avec ses mains. Je colle mon index sur ses lèvres.

- Chuuut ! Tu risques de tout gâcher.

Je souris, inclina la tête vers la droite, et mon regard s’assombrit. Là je sens qu’il commence à avoir peur. J’inspire pleinement. Je suis à présent nue, je me transforme, et bondis sur lui. Je lui lèche le torse jusqu’à la figure, puis plante mes dents dans son ventre. Il n’a pas eu le temps d’hurler que j’avais déjà fini mon repas. Je ne tarde pas à reprendre mon apparence humaine. Si je me fais chopper par un membre de mon clan je suis foutue, surtout mon père qui ne supporte pas que j’agisse en solo. Mais j’ai faim, et il ne peut pas m’empêcher d’être ce que je suis. Je me rhabille, quittant la ruelle sombre, et laissant derrière moi quelques lambeaux de vêtements, donc la ceinture du jeune homme. Les boucles de ceinture je ne les digère pas. Je suis une sauvage, je le sais, et là je sens que je n’aurais pas du m’empiffrer. J’ai avalé trop de vêtements en même temps que la chair, c’est dégueu. Je me sens un peu nauséeuse. Il me faut de l’eau. J’entre brutalement dans le Pub dont le mec m’avait parlé. Je me dirige vers les cuisines, tout le monde est affolé. Je prends un grand pichet d’eau, sans prendre la peine de chercher un verre. Je penche ma tête en arrière, ouvre ma bouche, et laisse glisser l’eau dans ma gorge. Je bois un demi-litre d’eau en quelques secondes. Là je crois que le personnel de ce Pub a compris ce que j’étais. Ils ne bougent pas. Je regarde mes mains. Et merde ! J’ai du sang dessus. Je pousse un mec devant son évier, et laisse couler l’eau sur ma peau, pour retirer le sang. J’entends les cœurs battre de tout ce petit monde. Ils sont affolés, ils ont peur. Je me retourne secouant mes mains vers le bas pour retirer l’eau.

- Arrêtez de paniquer stupidement, je ne vais pas tous vous bouffer. Pas aujourd’hui du moins. Mais si quelques uns se proposent pour être à mon service, je ne dis pas non, on n’a pas encore assez d’esclaves à la maison.

Je rigole. Seule. Quel manque d’humour ces humains. Je ressors. Bon, direction la boutique de musique maintenant. En entrant je me rends compte que mes cheveux sont ébouriffés. Bof, de toute façon ça ne changera rien. Le gérant me choppe. Il m’agace en fait. Je l’attrape par le coup, le colle à quelques centimètres du sol, l’écrasant contre des Cds qui explosent.

- Vous allez me lâcher, sinon je vous jure que je vous dévore, là devant tout le monde. Je n’ai pas encore assez mangé, et vous me paressez très appétissant.

Je lève les sourcils, en le regardant. Il commence à devenir tout bleu. Je n’aime pas le bleu. Je tourne lentement la tête vers la chasseuse de vampire et de lycans. Tout compte fait, j’ai plus envie de m’amuser. Je suis persuadée que j’arriverai à la battre. Là, je venais de lui lancer un défi. Sois elle laisse passer, sois elle essaye de sauver l’homme. Et comme tout bon humain hunter, elle choisira la deuxième solution. Alors viens … Je t’attends …

J'avais été assez aimable je trouve. Aujourd'hui, c'était mon jour de détente, j'avais décidé de n'effrayer personne, de n'insulter personne, de ne frapper personne. Bon j'avoue, il y a quelques exceptions. Comme John qui s'est prit mon poing dans la gueule, une grand-mère que j'ai insultée sur la route, le vendeur de CD auquel j'ai jeté un regard noir pour qu'il me laisse entrer avec ma clope. Mais c'est que dalle tout cas. Vous m'avez pas vu le reste des jours. Je suis une véritable machine à tuer. A tuer des bestioles bien évidemment. Mais un humain de temps en temps, ça ne fait pas de mal. Non mais sérieusement, je lui avais fait quoi à la demoiselle pour qu'elle me fixe comme ça ? Elle s'arrête même pas en plus. Elle avait beau avoir un visage d'ange, ce n'était pas l'envie qui me manquait de lui arranger la tronche. D'ailleurs, elle avait une expression assez étrange. La gentille petite demoiselle innocente avait maintenant une tête de psychopathe tueuse d'enfants. Alors qu'elle avait toujours son regard fixé sur moi, ou plutôt sur mes vêtements - ce qui lui arracha une grimace - ma main gauche passa légèrement sur mon dos s'assurer que mon flingue était toujours là. En réalité, je savais qu'il n'avait pas bougé mais j'avais besoin de le toucher. L'inconnue leva le menton. Et voilà qu'elle se prend pour une supérieure. Déjà qu'elle n'arrive pas à ma taille. Je peux pas lever les yeux ni le menton, autrement, j'la vois plus. Serait-ce de la provocation cette attitude ? Bien possible. Seulement, je n'ai pas la tête à ça aujourd'hui. Je suis là pour m'acheter un CD. Quoiqu'en réalité non. J'attends simplement qu'ils réparent l'aile de l'Aston dans la rue voisine.

La demoiselle m'assura qu'il n'y avait aucun problème. Pourtant moi je trouve qu'il y en a un maintenant. Et la seule façon de régler ça est d'exploser cette sale petite tête de prétentieuse sur les dalles de la places publique. Mais je m'en passerais tout de même. Il faut bien, congé oblige. Je me contenterais donc de la regarder chopper un CD des Rolling Stones et de marmonner. Je ne pige pas ce qu'elle raconte. Certainement pas quelque chose de très agréable vu sa tête de sadique. Je soupire d'exaspération. Les jeunes de nos jours je vous jure. Aucun respect. Tiens d'ailleurs, regardez ce mec qui arrive. Il est plutôt mignon mais à l'air pressé. Je vous parie qu'il me bouscule en passant. Alors que je replonge mon regard dans le bac à CD, le jeune homme passe à côté de moi mais ne me bouscule pas. Il se contente de me frôler la main droite.

Bien qu'il fasse jour, la ruelle était sombre, très sombre même. Elle était effrayante mais terriblement excitante. Deux amants particulièrement pressés apparurent. Le visage de la demoiselle n'est jamais visible. Celui de l'homme par contre, l'est parfaitement. Il parait un peu surpris. Peut-être à cause de la sauvagerie de sa compagne qui à l'air encore plus pressé que lui. En moins d'une seconde, la jeune femme désormais nue sauta sur lui. Son visage ne reflétait absolument plus la même chose. Il paraissait terrifié. Le reste était flou en dehors des murs repeints de sang. Odeur qui aurait pu me donner la nausée si je n'y avais pas si souvent été habitué.

Je me tiens le front. Je déteste tellement quand ça me fait ça. Un jour de week end en plus, quelle horreur. Et ces gens qui s'engueulent me filent encore plus mal de crâne ! Je me retourne vivement et m'aperçois que c'est elle, la demoiselle. Elle se trouve avec le jeune homme, celui que je viens de voir. Ils se crient à moitié dessus. Il a cassé son CD. Je les observe, comme la plupart des gens présents ici. Il propose de lui payer un café. Super, tout s'arrange, je vais encore pouvoir prendre le mien de CD, éviter que quelqu'un me rentre dedans et retourner chercher l'Aston. Après quoi, j'irai au circuit faire quelques tours et je rentrerais tranquillement chez moi.

Laissant le disque en plusieurs morceaux sur le sol, l'inconnue et le jeune homme sortirent de la boutique, complètement ignorants. Tellement débiles ces humains. Je me baisse et ramasse quelques bouts pour aider le commerçant qui semble débordé. Alors que je lève la tête et replace une mèche de cheveux derrière mon oreille, j'aperçois la jeune femme avec son compagnon passer devant le Pub sans s'y arrêter. Curieuse, je regarde où ils se rendent. C'est alors que je compris. Je sais, j'ai deux de tens' aujourd'hui mais bon, comprenez-moi, je bosse pas normalement. N'empêche que John m'avait prévenu : "l'heure de pointe."

D'un geste fluide et rapide, je sors mon portable et le colle sur mon oreille. Au bout de trois sonneries, John répond, la voix pâteuse. Il a trop la tête dans le cul mais il a intérêt de se bouger. Moi, je lui gueule dessus et jète ma clope sous la colère. Le pauvre est complètement largué. Il a vraiment trop de mal. Finalement, je résume la situation et m'exprime le plus calmement possible :

- Ok, ok, mais t'es sûre que c'est une lycan ?

- D'accord, je suis là dans cinq minutes maxi.

Je raccroche et saisis immédiatement mon arme. Je sais qu'elle ne servira pas à grand chose à part à blesser l'ennemie. Mais c'est toujours ça. Les gens autour de moi pensent certainement que je vais braquer la boutique. Ils se mettent tous à terre, avec leurs mains sur leurs têtes. Nan mais regardez-moi ces idiots ! Je les attrape un par un en leur disant qu'un lycan traîne dans le coin et qu'ils n'ont pas de soucis à faire, une huntress est parmi eux. Je les fou tous dans l'arrière boutique et leur demande de faire le moins de bruit possible. Il restait encore trois personne dans la boutique lorsqu'elle revint. Au cas où elle ne m'aurait pas capté, je ne vais pas me vendre. Je mets ma main dans mon dos, histoire qu'elle ne voit pas mon flingue même si je me doute que c'est quelque chose facilement détectable chez ces saletés.

Le gérant semble vouloir faire l'andouille en s'approchant d'elle. Nan mais qu'est-ce qu'il fou ce débile !? En une fraction de seconde, elle l'a déjà attrapé par le cou et envoyé dans les disques. Je ne bouge pas tout de suite. Je n'ai pas encore de plan. Et si je tire, je risque de toucher l'idiot. Les mots de la fille confirment mon hypothèse. Faut la buter. Seulement tant que John n'a pas ramené son cul, je ne peux rien faire à part lui envoyer une balle en pleine tête, ce qui sera certainement trop difficile. De plus, il y a encore trop de monde ici. Je veux pas de morts. Je veux seulement une morte. L'intéressée tourne son regard vers moi justement. Je fais mine de ne pas comprendre. Genre : "nan, tu t'es trompée, je ne suis pas la personne que tu crois que je suis." Je sais par avance que cette vieille ruse ne marchera pas, c'est simplement pour gagner du temps.

Au final, c'est insoutenable, je lève le bras et place le canon de mon arme en position parfaite pour exploser la cervelle de cette vermine. Je ne sais pas encore si je compte tirer. Peut-être. Peut-être pas. C'est alors que je sentis mon portable vibrer. Je l'ignore et me concentre sur la lycanthrope. Elle me défit, je vois bien ça. Une seconde de réflexion et mon arme revient se loger à sa place. Je sais que les lycans n'ont pas le don de célérité. Du moins, pas tous, c'est en option si on veut. Elle n'aura donc pas le temps de lâcher l'homme que mon pied aura déjà atteint son visage. Je reste immobile puis démarre subitement en courant. Deux pas plus tard, mon salto arrière et ma botte dans son nez. Quelques saltos plus loin, je ressors mon arme. Mon portable vibre de nouveau. Je l'attrape. C'est un texto de John. Je l'avais presque oublié lui. Oh, oh. Je lève les yeux. La lycan se trouve tout près de la vitrine, l'homme à côté d'elle. Lui, je le choppe par le bras et le fou avec les autres. Après quoi, sous le regard curieux de la bestiole, je me baisse et me fou sous une étagère. Quelques secondes plus tard, la voiture de John explose la vitrine et vient s'écraser dans le mur du fond. L'arme et les munitions glissent jusqu'à moi. Je charge et me lève rapidement, mes deux flingues cherchant la fille. Je sais qu'elle n'est pas morte, même avec le choc qu'elle a probablement reçut.